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Le Mouton Noir |
Février 1999
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Des
pâtissiers qui pâtissent
À la suite d'une opération avortée
qui visait à "crémer" le président
de Bell Canada, M. Jean C. Monty, les clowns-pâtissiers les
Entartistes ont eu maille à partir avec Radio-Canada.
Alors que tous les autres journalistes présents ont fidèlement
rapportés les événements, le porte parole des
Entartistes, François Gourd, estime que Louis Lemieux, de
Radio-Canada, a produit un reportage truffé de mauvaises
informations.D'abord, deux des trois personnes qu'il nomme et dont
il diffuse les photographies ne font pas partie des Entartistes:
Ève Lamont, camérawoman, et Tshi, photographe au magazine
HOUR, que Louis Lemieux accuse en plus d'avoir eu une tarte à
la crème dans son sac photo. Il faut pourtant savoir que
les tartes sont toujours fabriquées sur place, quelques minutes
avant l'événement. C'est d'ailleurs la raison de l'échec
de l'opération menée ce soir-là par le seul
Entartiste présent: sa bombonne de crème s'étant
enrayée et n'ayant produit qu'une matière aqueuse,
impropre à un bon entartement, "l'événement"
fut remis à plus tard.
Mais où Louis Lemieux a-t-il pris ses informations erronées
alors que tous les autres journalistes avaient lews bonnes? Dans
une lettre adressée à M. Robert Maltais, secrétaire
général du Conseil de Presse du Québec, à
M. Perrin Beatty, président de Radio-Canada ainsi qu'à
M. Claude Saint-Laurent, directeur des programmes et de l'information
de la SRC, François Gourd a demandé le droit de rectifier
l'information. M. Saint-Laurent, qu'il a ensuite rejoint au téléphone,
l'a envoyé promener. C'est ainsi qu'une entrevue devant avoir
lieu avec M. Gourd dans le cadre du magazine Le Point fut
annulée sans explication. D'autre part, le Conseil de Presse
songerait même à recommander de ne plus diffuser les
futurs entartements.
Après avoir muselé le parti Rhinocéros, voici
maintenant qu'on prend des mesures pour interdire les Entartistes,
dont le but manifestement non-violent est simplement de remonter,
par le rire, le bilan d'une société malade du coeur,
empoisonné par la mondialisation. En empêchant ces
exutoires animalier ou pâtissier, on peut se demander si d'autres
groupes, moins portés sur le rire, ne viendront pas les remplacer
et poser d'autres gestes moins inoffensifs et contre lesquels on
ne pourra pas grand chose. Le poste de fou du roi ne doit pas être
aboli: il devrait être subventionné.
Roy HUBLER
Correspondant à Montréal |
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