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la fête, comme à la fête
Je ne comprends pas l'analyse que fait
Brian Myles dans Le Devoir du 26 juin. Oui, les personnes qui ont
hué M. Johnson manquaient du bel humour des entartistes.
Mais... Oui, M. Johnson s'est conduit comme un provocateur - ce
qui n'est pas la même chose que de dire qu'il est un provocateur!
Et... Oui, les médias ont joué son jeu en lui accordant
une publicité qu'ils offrent volontiers et gratuitement aux
ennemis de la souveraineté depuis le soir de la grande peur.
S'il est vrai que William Johnson est membre de
la famille québécoise, il est non moins vrai qu'il
est descendu dans la rue comme on descend dans l'arène et
non comme on entre dans la danse. C'est en enfant délinquant
ou en parent irresponsable qu'il s'est présenté au
défilé de la Saint-Jean. Ça existe des enfants
et des parents qui se conduisent comme des ennemis avec les autres
membres de leurs familles; qui les traînent de procès
en procès; qui les méprisent, les agacent. Ils n'en
font pas moins partie de la famille, mais ils rendent toute la famille
folle d'impuissance et de rage.
S'il désire être à l'intérieur du cordon
de sécurité, - un cordon qui, de mon point de vue,
ne devrait pas être agrandi, mais bien rapetissé pour
ne plus encercler que les députés - la recette est
simple et elle est connue: il doit faire partie de la députation
canadienne ou québécoise... donc c'est aux élections
fédérales ou provinciales qu'il doit se faire élire
et non à Alliance Québec. Il pourrait également
faire partie de l'organisation de la fête et se mériter
ainsi le droit d'être à l'intérieur du cordon
- un privilège que, pour ma part, je trouve dépassé
et que j'abolirais.
Mais M. Johnson n'aimerait sans doute pas partager la vedette avec
des organisateurs dont il a raison de dire qu'ils ont un projet
politique qui ne plaît pas à tous les Québécois
et encore moins à tous les Canadians. Tout comme les organisateurs
de la fête du Canada, également financée à
même les fonds publics, ont un projet politique pour le Québec
qui ne fait pas l'unanimité et qui n'est pas toujours proposé
avec des méthodes très chevaleresques. Quand les fédéralistes
auront corrigé les vices qui entachent leur projet, nous
corrigerons les nôtres.
En attendant, à la Saint-Jean, on fête toutes allégeances
confondues. Pour ma part, comme je ne suis pas député,
je défile en tant que citoyenne. Que William Johnson et tous
les membres d'Alliance Québec et des autres associations
politiques, économiques, sportives, caritatives et culturelles
en fassent autant. Qu'ils ne le fassent pas pour agrandir leur ego
et nous gâcher notre plaisir, mais pour s'amuser. A la fête
comme à la fête.
Béatrice MARCOTTE
Lettre publiée dans Le Devoir du 3 juillet 1998 |
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